Un podcast à découvrir

J'ai beaucoup d'admiration pour Colin Perreault, de Culture d'empathie. Colin fait plusieurs choix dans sa vie pour incarner ses valeurs, prendre soin des siens et de la Terre. Son podcast m'inspire aussi beaucoup, il y converse avec des personnes de différents horizons pour parler de non-violence et d'empathie, dans le but de créer cette culture de curiosité, de considération et de connexion (belle définition de l'empathie!).

Je n'aurais jamais cru

Quand j'ai connu Colin, il y a une dizaine d'années, dans un camp communautaire autour de la Communication non violente, j'étais loin de me douter qu'il m'interviewerait un jour pour son podcast Culture d'empathie, avec le titre "La médecine de l'humour"! (Je crois d'ailleurs que son podcast n'existait pas encore... Comme quoi tout se construit.)

Jacinthe Laforte en création comique. Crédit photo: Joanie Turgeon, 2021

Une étincelle de connexion dans l'humour

Comme le partage Colin dans la conversation que nous avons enregistrée ensemble, il m'a connu dans des années plus difficiles pour moi. J'étais en chemin (comme je continue de l'être, savourant aujourd'hui les fruits de tout le travail intérieur et relationnel que j'ai fait!). Colin dit m'avoir vu émerger avec Chlorophylle38. Oui!

À l'époque, je ne savais pas que je portais cette étincelle de connexion dans l'humour et le plaisir! Je l'ai découvert à force de faire de mon mieux pour prendre soin de moi et laisser s'exprimer ma créativité.

Un beau cadeau

C'est un beau cadeau de recevoir aujourd'hui ce reflet de moi-même et de mon parcours par Colin. Merci!

Cliquez sur le lien à la suite si vous avez envie de me connaître davantage en écoutant cette entrevue, dans laquelle Colin a aussi intégré des extraits de mon spectacle Web Chlorophylle38 à la Commission des plaintes d'État (2020):

Entrevue de Jacinthe Laforte alias Chlorophylle38 par Colin Perreault de Culture d'empathie

Pendez-les à vos lèvres, atelier pratique GRATUIT

Le samedi 1er octobre 2022, de 15h à 17h, dans le cadre des Journées de la culture
À la nanobrasserie L'Ancienne Forge de Bromptonville (49, rue Saint-Lambert à Sherbrooke)

Comment livrer un texte de façon à toucher et captiver l'auditoire? Venez vous y exercer dans une ambiance chaleureuse et bienveillante, après un petit réchauffement ludique pour faire connaissance et se délier les cordes vocales! Votre animatrice, Jacinthe Laforte (auteure et interprète de Chlorophylle38, qui est également formatrice certifiée en Communication non violente), vous guidera et offrira des pistes pour faire évoluer votre prestation.

Vous pouvez apporter un court texte (500 mots ou moins, que ce soit un poème, une histoire drôle ou un hommage nécrologique, lu ou appris par coeur); vous pourrez aussi choisir parmi une sélection offerte sur place.

Places limitées et réservation obligatoire: info@jacinthelaforte.com

Offert gratuitement dans le cadre des Journées de la culture (aucune obligation de consommer pendant l'atelier, mais possibilité d'acheter les produits au menu de la Nano brasserie L'ancienne forge!)

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Fêtes des récoltes créatives 2022 de Jacinthe laforte

Fête des récoltes créatives 2022

Virtuelle, sur Zoom
Date à venir

Gratuit!

Célébration annuelle de mes récoltes créatives! Au menu:

- Moments de connexion entre les participants
- Partage des temps forts (et faibles!) de mon processus créatif depuis l'année dernière (autant en ce qui concerne la création artistique que mon projet entrepreneurial de transmettre la Communication non violente dans le monde)
- Présentation d'un extrait de la toute nouvelle mouture de mon spectacle de Chlorophylle38 Le coeur gros comme la Terre (qui sera créé en novembre à Sherbrooke).
- Invitation à joindre ma communauté de soutien

Un moment interactif de connexion entre nous et d'inspiration à continuer de suivre l'appel de la créativité!

Joignez-vous à ma communauté de soutien, le temps d'une soirée ou en devenant un.e mécène régulier sur ma page Patreon: https://www.patreon.com/jacinthelaforte

L'événement est gratuit.

Pour participer, écrivez-moi et je vous enverrai le lien Zoom: info@jacinthelaforte.com

À bientôt et au grand plaisir de vous voir!

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Jacinthe Laforte titre du spectacle

Le coeur gros comme la terre, monologues et chansons de Chlorophylle38

Nouveau spectacle de Jacinthe Laforte
Samedi 12 novembre à la nanobrasserie L'Ancienne Forge de Bromptonville (Sherbrooke)
19h

Contribution volontaire

En rodage à Bromptonville, Chlorophylle38 déconstruit avec finesse les angoisses de l'humaine écoanxieuse actuelle pour en faire un compost drôle et touchant qui agit en profondeur. Venez découvrir son univers et ses chansons inusitées passant du loufoque au sacré, livrées en toute simplicité (accompagnement musical d’Anne-Claire Hyvert)!

Artistes invités en première partie! Nul autre que Gaston de Sainte-Tourbe animera la soirée! Prix de présence!

Nous vous encourageons à venir souper AVANT le spectacle! Consulter le menu de la nanobrasserie l'Ancienne Forge

Pour informations: info@jacinthelaforte.com


Introduction à la Communication non violente

  • Deux samedis, les 3 et 10 décembre de 9h à 17h (une formule gagnante, car elle favorise l'intégration!)
  • 13 heures de formation couvrant les bases de la Communication non violente (aussi appelée communication consciente ou bienveillante) offertes par votre dynamique Jacinthe, maintenant formatrice certifiée auprès du Center for Non Violent Communication fondé par Marshall Rosenberg)
  • Petit groupe (max 12 personnes)
  • Au Centre Saint-Pierre (métro Beaudry à Montréal)
  • Possibilité d'apporter votre lunch et de manger sur place (recommandé) ou restaurants et épicerie de quartier à proximité
  • Contribution demandée: 295$ par personne - INSCRIVEZ-VOUS TÔT! 275 $ pour les inscriptions avant le 1er novembre
  • Payable par virement Interac à info@jacinthelaforte.com Question de sécurité: Marshall Réponse: Rosenberg

Pendant mon confinement montréalais, alors que je rêvais d’espace, j’ai vu l’annonce d’une chambre libre dans une petite communauté intentionnelle en Estrie : une colocation à six dans une maison, avec un grand jardin, des poules et un projet d’expérimentation sociale et écologique et de partage de savoirs avec la communauté.

J'ai sauté.

Je n'aurais pas eu les moyens humains et relationnels de vivre une telle expérience, il y a seulement quelques années. Mais aujourd'hui, je la vis avec beaucoup de bonheur. 

Jacinthe Laforte dans son jardin

C'est drôle, mon nouveau milieu de vie évoque un peu l'univers de mon premier roman, Cité carbone.

Ça confirme ma croyance que les rêves se réalisent, en essence, même si la forme et le contexte peuvent être différents. Ça prend seulement un peu de temps (et du soutien, de l'alignement, de la confiance, des deuils, de l'adaptation, de l'évolution, de l'intuition, etc.)

Après un printemps en tourbillon de séances virtuelles (Croisières de communication bienveillante et cours d'art dramatique aux enfants d'une école primaire) je me suis accordé des VACANCES! Sans avoir à aller nulle part, le jardin, la forêt et la rivière étant à proximité...

Pour la montréalaise, quelle joie! Mon enfant intérieure qui court, libre, parmi les herbes hautes et les fleurs. 

Bref: je suis ressourcée et je travaille en ce moment à mes prochaines contributions au monde! J'ai envie de partager toute la richesse qu'il m'est donné de goûter, depuis mon petit paradis, un peu à l'écart du monde si affecté par le contexte actuel.

 En fait, ça me semble une responsabilité que de partager les processus qui font que mon bonheur au sein d'un "nous" peut être une réalité. (Je définirais aujourd’hui le bonheur comme une sérénité de fond, malgré qu’il y ait bien sûr toutes sortes de tensions dans la vie quotidienne!)

À bientôt pour la suite de ce que j'ai à proposer comme nourriture pour l'âme et le coeur! (Et si toi, tu trouves ça quétaine, voudrais-tu passer le message à ton enfant intérieur? Merci!)

Comme je vous l'avais promis la semaine dernière, j'ai fait une vidéo! Et même deux!

On m'a suggéré de parler du syndrôme de l'imposteur et je me suis dit:  "Mais je suis qui, moi, pour faire une vidéo sur le syndrôme de l'imposteur!!!" J'ai donc conclu que j'étais pleinement qualifiée pour le faire! Ah! ah!

La première vidéo présente différentes perspectives qui m'aident à voir les choses différemment et à avancer quand je suis aux prises avec le syndrôme de l'imposteur.

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On m'a aussi suggéré de parler du processus consistant à accuellir les différentes partie de nous, ce que je fais dans la deuxième vidéo, en allant à la rencontre de la part de moi qui vit le syndrôme de l'imposteur.

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=OnORkA2OLoQ[/embedyt]

Pour moi, les deux approches sont utiles. Dans le feu de l'action, recadrer mes pensées et changer ma manière de voir les choses me permet de passer à l'action, d'accepter les invitations et de faire les suivis pour les projets qui de toute évidence sont terrifiants pour certaines parts de moi qui me crient que je ne suis pas capable de faire ça. Par ailleurs, prendre le temps d'aller à la rencontre de la part de moi qui a peur, c'est une façon de nourrir une relation d'amour avec elle, ce qui nourrit ses besoins (notamment de sécurité) et qui, à court, moyen et long terme, me donne de la solidité pour faire face à l'arc-en-ciel d'émotions qui vient avec le fait d'être créative, sensible, et de me manifester dans le monde!

Bon visionnement! Et n'hésitez pas à me faire vos suggestions pour d'autres thèmes d'articles ou de vidéos!

Merci à  la Maison de l'écrivain de Trois-Pistoles qui m'a gracieusement prêté son salon pour filmer mes vidéos. Il s'agit de décors de téléromans de Victor-Lévy Beaulieu. Un lieu inspirant, mais on n'en voit pas grand-chose dans la vidéo, alors il va falloir que alliez faire votre tour! (Cliquez ici pour en savoir plus sur la Maison de l'écrivain et participer à sa campagne de sociofinancement.)

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Avez-vous déjà remarqué que les gens refusent souvent les suggestions de nouvelles manières de faire? Moi y compris. On commence par voir toutes les raisons pour lesquelles ça ne pourrait pas fonctionner. Il y a une certaine sécurité dans l'ordre établi, je présume.

Par exemple, si je propose d’instaurer un système de compostage dans mon milieu de travail, on me dira automatiquement que ça va sentir mauvais, que c’est compliqué, que personne ne va vouloir s’en occuper.

L’écoute empathique peut ici être très utile pour poursuivre le dialogue : en entendant les besoins qui s’expriment par ces objections, j’ai plus de chance de créer de l’ouverture chez les autres, pour qu’ils puissent entendre l’aspiration qui motive ma proposition.

Quelque chose de l’ordre de :

- Okay, pour toi c’est important de préserver la simplicité, et puis tu trouves que vous avez déjà assez de pression avec le travail lui-même, quand c’est l’heure du repas, t’as juste envie de souffler. C’est ça?

Également, pour optimiser mes chances de mobiliser les gens autour de mon idée, je gagne à commencer par nommer le sens sous-jacent. Tout le monde a soif de sens. C’est ça qui mobilise.

Voyons la différence entre :

- Je voudrais proposer qu’on mette un bac pour le compostage dans la cuisine.

et

- Je suis préoccupée par la question des déchets, surtout quand je pense que les déchets de table peuvent être transformés en compost qui va fertiliser le sol et servir d’engrais pour des fleurs et des jardins. J’ai envie de contribuer, de faire quelque chose pour être en cohérence avec mes valeurs. On pourra voir les détails ensemble, mais j’ai pensé qu’on pourrait mettre un bac pour le compostage dans la cuisine. Qu’est-ce que ça vous dit?

Et la danse de l’écoute empathique et de l’expression honnête peut reprendre, pour vraiment entendre les aspirations de chacun, en donnant tout autant de place aux miennes, et en faisant des demandes, des propositions concrètes pour amener dans le monde des stratégies qui servent mieux la vie.

Dans un moment où je vivais un malaise généralisé, j’ai cherché à établir les faits déclencheurs. J’arrivais surtout à des « faits » en « ne pas » : plusieurs personnes, tant dans ma vie personnelle que professionnelle, n’avaient pas répondu à un message de ma part (courriel, téléphonique ou texto). Si j’établissais uniquement des faits positifs, j’obtenais la liste des messages que j’avais envoyés. Sans plus.

Toutes les « absences de réponse » signalaient en fait mon attente d’une stratégie particulière. Le rêve de quelque chose qui nourrirait mes besoins. Oui, pour chaque message envoyé, il y avait un attachement plus ou moins fort à la stratégie « réponse de l’autre » pour nourrir des besoins parfois de clarté, parfois de confiance ou de sécurité, de lien ou, disons-le, d’amour !

En me rendant compte de cela, en constatant l’attachement parfois intense à une stratégie particulière, et en revenant aux besoins sous-jacents 100 % chez moi, je pouvais faire un peu de place et détourner mon attention de « l’autre qui ne répond pas » pour regarder quelles demandes je pouvais faire (à moi ou aux autres) pour m’occuper de mes besoins.

Je pouvais relancer certaines des personnes, en mentionnant quel besoin serait comblé par une réponse de leur part. Par exemple, si c’était à une personne qui fait de la CNV ou qui peut tolérer le « langage girafe classique » : « Salut ! Je me rends compte qu’une réponse de ta part à ma proposition de rendez-vous téléphonique nourrirait vraiment en moi la clarté et la confiance. Aurais-tu l’élan de me revenir là-dessus aujourd’hui ? » OU, en des mots de « girafe de rue » : « Salut, je me rends compte que ça m’aiderait à voir clair si tu me revenais sur ma proposition de rendez-vous téléphonique. Pourrais-tu juste me dire aujourd’hui si ça marche pour toi ? »

Ici, le point important, c’est que la demande, en CNV, est OUVERTE. Donc négociable. Donc, ça se peut que l’autre ne soit pas en mesure d’y répondre, que pour toutes sortes de raisons liées à ses besoins 100 % chez lui, il ne réponde pas plus à cette relance qu’à mon courriel initial. Je peux choisir, dans l’intention de vivre plus de connexion, de l’appeler au lieu de lui écrire. Mais s’il ne répond pas ?

Je fais quoi, avec mes besoins de collaboration, de confiance, de connexion, de sécurité, de lien, d’amour ? Justement : quels moyens autres que « réponse de l’autre » puis-je mettre en place pour m’occuper de mes besoins ? À ce moment-là, les parts de moi ont souvent un grand besoin d’empathie, pour faire le deuil de leur stratégie préférée. Et quand l’émotion est intense devant une absence de réponse de l’autre, ça me signale que ce sont de très vieilles blessures, très douloureuses, qui sont stimulées ; et que ces parts de moi ont un grand besoin de soins, de douceur, de soutien et de respect. Elles ont besoin qu’on prenne la mesure de leur douleur.

En dirigeant mon attention vers mes besoins et en prenant des mesures concrètes pour les nourrir (par exemple demander de l’empathie à d’autres personnes, une ressource professionnelle s’il le faut, écrire dans mon journal, faire une promenade en nature, prendre un bain chaud, utiliser les outils que je connais pour revenir à la présence), je reprends le pouvoir sur ma vie. Et c’est comme si ça libérait le canal entre moi et l’autre...

Car je ne sais pas pour vous, mais moi, quand je suis dans l’attente, je ne reçois pas ce que j’attends. C’est comme si l’attente, c’était carrément du besoin en manque. Du besoin qui exige de l’autre quelque chose (même en silence, même à des kilomètres de distance !). Et l’exigence, ça ne suscite pas l’élan du cœur. Quand je nourris mes besoins autrement, souvent l’autre personne se manifeste, comme si elle avait alors de la place pour le faire librement.

Si ça vous interpelle, je vous recommande cet article sur les caractéristiques des demandes CNV. Un art à exercer pour rendre nos vies plus merveilleuses !

J’étais furieuse après l’appel d’une certaine personne avec qui j’ai une relation d’affaires distante. Elle s’occupait pour moi de quelque chose avec une telle diligence qu’elle avait raccroché... trop vite au goût de mes chacals. L’un d’eux se disait: « Elle a raccroché avant que j’aie eu le temps de parler! » et les autres enchaînaient avec une suite de paroles peu flatteuses à son égard et d’affirmations du genre: « Je ne me laisserai pas traiter comme ça! » En plus, disaient les chacals, elle avait commencé l’appel sans dire bonjour, en me posant tout de suite sa question!

Cette fois-là, j’ai vu que j’avais le choix d’embarquer dans le train de la fureur, et j’ai eu la possibilité de le laisser passer. Je me suis demandé quels étaient les faits, au fond (1er élément du modèle de la Communication non violente: l’observation des faits).

« Cette personne a raccroché avant que j’aie eu le temps de parler ». Est-ce un fait? Hum... Une caméra ou un micro auraient capté quoi? Mon téléphone a enregistré qu’il y avait eu un appel de 47 secondes. Voilà le fait. « Elle a commencé l’appel sans me dire bonjour »? Le fait: elle a commencé l’appel en me posant sa question. Le reste, ce sont des interprétations, les récriminations de chacals en colère dont les besoins ne sont pas nourris dans la situation (2e et 3e éléments de la CNV: les sentiments et les besoins en cause). Déjà, rétablir les faits dégonfle la colère, très bien alimentée par les histoires que je me racontais.

Cette colère, elle signalait quels besoins? Empathie, avoir une place, espace, simplement être, connexion.

Au fond, les expressions « sans » et « avant que » indiquaient mes attentes, et non des faits. Qui sont ni plus ni moins mes stratégies préférées pour répondre à ces besoins. Ma préférence est nette : une conversation avec des allers-retours, chacun qui parle à son tour, des moments de silence pour ressentir ce qui se passe. S’agissait-il d’une attente réaliste avec la personne en cause dans cette histoire: non.

Alors j’avais un humble choix à faire: celui de renoncer à l’histoire que je me racontais, à savoir que j’avais été offensée, de renoncer à croire que j’avais raison et l’autre tort; ou de continuer à croire que ces chacals, qui vivaient une forte intensité de colère envers l’autre, ils étaient « moi ».

Cette fois-là, j’ai pu choisir ce changement de perception suscité par l’observation des faits, de mes sentiments, de mes besoins et de mes stratégies préférées. J’étais complètement apaisée.

Et le quatrième élément de la CNV? Une demande concrète, réaliste, positive, précise et ouverte (c’est-à-dire négociable, au contraire d’une exigence). Dans cette situation, j’ai choisi sur l’instant de ne pas faire de demande à l’autre personne. Je me suis plutôt invitée moi-même à voir qu’elle n’était pas alors en mesure de répondre à mes besoins d’empathie, qu’elle ne faisait rien "contre moi", qu’elle tentait seulement, de son mieux, de répondre à ses besoins. Un changement de perspective qui a nourri ma sécurité, la cohérence avec mes valeurs, le besoin d’avoir du pouvoir sur ma vie. Ça m’a désidentifiée de la partie de moi dont le comportement s’apparentait à insister pour commander un smoothie vert bio dans une cantine à patates: ça ne fait pas partie de son menu, le propriétaire n’en a peut-être jamais entendu parler — stratégie vouée à l’échec. Mieux vaut accepter un sandwich aux tomates ou choisir un autre restaurant!

Mais encore, la CNV m’enseigne que je peux être créative, qu’il y a un infinité de stratégies (des demandes à moi ou à l’autre) que je peux proposer pour cocréer avec les autres un monde satisfaisant. Je peux choisir de communiquer avec cette personne uniquement par courriel ou mettre fin à ce lien d’affaires... ou oser mettre sur le tapis le sujet de la communication? Maintenant que j’ai désintriqué le besoin et la stratégie, depuis cet espace de liberté où j’invite l’autre personne à vivre avec moi plus d’empathie, d’espace, d’écoute, je pourrais lui demander un petit quelque chose de précis, par exemple: « Pour que j’aie une place dans l’échange, seriez-vous d’accord, lors de nos conversations, avant de raccrocher, pour me demander si j’ai quelque chose à ajouter? »

C’est l’extraordinaire pouvoir de la demande: assumer la responsabilité de ma vie, me manifester à l’autre dans la relation en proposant quelque chose qui me rendrait la vie plus merveilleuse. Parce que les cantines, si on leur en fait la proposition, offriront peut-être un jour des smoothies vert bio en plus des bonnes patates graisseuses! Pourquoi pas?

 

 

La posture empathique à laquelle nous invite la communication consciente repose sur une conviction importante : la personne en face de moi a toutes les ressources nécessaires pour répondre à ses besoins.

C’est lié de près à la distinction entre les besoins et les stratégies. Les besoins étant une traction vitale, une énergie vivante à l’intérieur de nous, ils ne dépendent ni d’une personne, ni d’un lieu, ni d’un objet (plusieurs formulations du langage courant telles que « j’ai besoin que tu fasses ceci », « j’ai besoin d’aller à la bibliothèque », « j’ai besoin de mon ordinateur », illustrent en fait des stratégies). Les besoins sont un carburant propre à nous propulser vers des moyens d’aller dans la direction de la saveur particulière de l’instant : affirmation, sécurité, sens, beauté, connexion, compréhension, solidarité, protection, etc.

Les stratégies pour répondre aux besoins sont illimitées.

Crédit photo: Valeria Boltneva de Pexels

Disons que devant une personne qui regarde ailleurs que vers moi, je me sens frustrée parce que cela ne nourrit pas mon besoin de connexion. Si je suis consciente que c’est ça qui se passe, je peux assumer la responsabilité de mon besoin en choisissant par exemple de :

  • me donner de l’empathie minute en me reliant à la part de moi qui vit cette frustration, qui a comme préférence d’échanger un regard avec l’autre (cette autoempathie nourrit déjà le besoin de connexion, connexion de moi à moi).
  • tenter d’établir le lien avec l’autre personne ; selon le contexte, en faisant une blague, en parlant de la température, en lui demandant ce qui se passe pour elle, en parlant de ce qui se passe pour moi, en la touchant, etc.
  • choisir de vivre de la connexion avec une autre personne (ou avec un animal) en passant un coup de téléphone, en allant dans un autre endroit, ou même en pensée, en me reliant à une figure bienveillante.
  • aller dans la nature pour goûter à mon interdépendance avec les autres éléments de l’écosystème, et ainsi vivre de la connexion.
  • etc.!

S’il est vrai que mon besoin ne dépend pas de l’autre, c’est aussi vrai pour la personne en face de moi. En posture empathique, je prends le parti de faire confiance que la personne en face de moi a toutes les ressources nécessaires pour répondre à ses besoins. Que la présence empathique que je peux offrir suffit à créer les conditions pour qu’elle accède à sa vérité et à ses ressources.

Ce qui veut dire que je n’essaie pas trouver une solution à « ses problèmes », ni même de lui montrer quels sont ses sentiments et ses besoins. La posture empathique implique que je ne suis pas en mode « je sais mieux que toi, je vais t’aider, je vais te montrer ». Je suis juste « avec » ce qui se déploie en l’autre, dans l’instant présent. Et quand un être humain reçoit ce type d’attention bienveillante, il a plus de chance de faire un bout de chemin vers la responsabilité et l’empowerment.

En terminant : la présence empathique n’est pas un « impératif moral » (du genre : « il faut adopter la posture empathique ! »). C’est simplement une possibilité qui ouvre des portes (« Les mots sont des fenêtres.... » comme dans le titre français du livre de Marshall Rosenberg). Une ressource à laquelle je choisis de revenir dès que j’en ai les moyens, parce que ça goûte l’espace, la sérénité, l’ouverture. Et quand je n’en ai pas les moyens : vite, une stratégie pour remplir ma bonbonne d’empathie !

Pendant des années, je me suis sentie déchirée.

Comme jeune adulte, j’avais baigné dans l’univers altermondialiste qui plaçait le changement social en haut de l’échelle de valeur. Mais j’étais habitée de grandes souffrances personnelles qui avaient besoin de beaucoup de soins et d’un type d’attention qu’elles ne recevaient dans ce milieu... Alors j’ai passé des années à m’occuper de mon « développement personnel », une expression qui goûtait la honte depuis mon regard « altermondialiste », et, si j’osais y ajouter le qualificatif « spirituel », c’était encore pire... Je me suis donc pratiquement retirée du milieu du changement social, à cause de ce jugement perçu et intériorisé (projeté, au fond).

Et à travers ça, je pratiquais mon art, l’écriture, de mon mieux. Mon art qui sans forcer est naturellement porté sur des questions sociales (mon roman Cité carbone, par exemple!), parce que malgré mon « égoïste » démarche individuelle, le monde continuait de m’interpeller ! Un pied dans la guérison personnelle, un pied dans la création, le coeur tiré vers le changement social, je tentais de coudre une douloureuse courte-pointe avec des points de suture.

Je vis aujourd’hui une immense célébration. La célébration de l’intégration de ces trois aspects : le personnel, l’artistique et le social. Car montrez-moi les frontières ! Elles n’existent pas.

Prendre soin de ce qui se passe en moi, c’est politique : ça me rend plus capable d’interagir avec les autres et, à un moment donné, d’être capable d’intervenir dans ma communauté, dans mon monde. Prendre soin de ce qui se passe en moi, ça me permet de créer. Créer, c’est une contribution à l’évolution du monde, sur les plans personnel et politique, parce que l’art offre un autre regard, nous donne de la distance, de la conscience, de la présence.

Tout le mouvement de l’art communautaire ou art social s’inscrit d’ailleurs dans cette perspective d’ouverture. Inclure dans plusieurs domaines et à toutes sortes de « catégories de personnes » le processus créatif qui, en transformant la matière, nous transforme. La créativité, c’est la force même de la vie et nous gagnons à y revenir, comme individus et comme société !

La démarche Libérez votre créativité  de Julia Cameron allie merveilleusement la guérison et la création.  Et la Communication non violente, nommée ainsi par Marshall Rosenberg pour souligner la parenté de sa démarche avec celle de Gandhi, ajoute aussi l'aspect social : profondément transformatrice au niveau personnel, elle permet une ouverture de la conscience de notre interdépendance et nous donne des moyens d’agir avec les autres et dans le monde d’une façon extrêmement créative.

La courte-pointe n'a pas besoin d'être cousue: c'est un tissu dynamique où tout est déjà relié.

Le tissu de la vie.

On entend généralement par le mot « empathie » le fait de se mettre à la place de l’autre personne, de « marcher dans ses souliers ».

En communication consciente, on précise un peu plus ce qu’on entend par empathie. C’est sur le plan des émotions et des besoins (ou aspirations, motivations profondes), qu’on cherche à voir ce qui se passe pour l’autre. Et pas au niveau de l’histoire qu’il raconte, qui est vraisemblablement la trame de ses interprétations du monde.

Parce que tout comme notre interlocuteur est possiblement « emporté » par son histoire, nous risquons, en nous concentrant sur son récit, de sympathiser avec lui, d’embarquer nous aussi dans ce train. Alors qu’en nous exerçant à une curiosité bienveillante envers les motivations profondes qui s’expriment à travers cette histoire, on revient dans la réalité d’ici et maintenant, là où se trouve le pouvoir de faire des choix pour créer ce qu’on veut vraiment.

Par exemple, quelqu’un me parlait de sa frustration d’attendre une réponse concernant son admissibilité à un programme de formation offert par son employeur. La personne avait plusieurs « chacals » concernant le système qui ne lui donnait pas de renseignements clairs. Un réflexe naturel, c’est de sympathiser, donc de prendre le parti de la personne contre les individus ou les établissements déclencheurs. Ce qui a pour effet de concentrer l’attention de tout le monde sur le déclencheur, qui nous semble alors être la cause du problème, et de nous faire perdre de vue notre pouvoir. J’ai plutôt tenté un petit reflet s’intéressant aux besoins* :

— T’aimerais avoir plus de soutien de la part de ton employeur ?

— Ben non, pas du soutien ! Je veux juste savoir à quoi m’en tenir pour m’inscrire ailleurs pendant qu’il est encore temps, si ça marche pas avec eux !

Et pendant le reste de la conversation, la personne s’est tout naturellement orientée vers la possibilité d’aller se renseigner sur les autres établissements de formation. Ce qu’elle a fait, réalisant qu’elle pouvait s’inscrire ailleurs et annuler son inscription si son employeur lui offrait finalement une formation. Et elle m’a remerciée à deux reprises pour notre conversation « super motivante ».

En d’autres mots, s’intéresser aux besoins dans l’instant présent, ne serait-ce que par notre attention silencieuse, c’est créer de l’espace qui permet à notre interlocuteur de voir plus clair et de pouvoir agir pour répondre à ces aspirations vitales qui criaient à travers l’histoire. C'est notamment en ce sens que c'est "comme de l'oxygène".

Pour en savoir plus sur la posture empathique proposée par la communication consciente et sur la possibilité de s'offrir à soi-même de l'empathie (autoempathie), bienvenue à cette midi-conférence:

« Comme de l’oxygène ! » Conférence sur l’empathie et l’autoempathie

le mercredi 8 novembre 2017

De 18h30 à 19h30

936, avenue du Mont-Royal Est (coworking Ecto)

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