— Je suis vraiment désolée ! Mon réveil n’a pas sonné, et il y avait tellement de travaux que ça que ça m’a pris plus de temps que je pensais, et en plus j’ai eu une crevaison !

Quand je me justifie, est-ce que ça me donne pleine satisfaction ? Explorons la question sous l’angle de la communication consciente.

Le Larousse nous dit que se justifier, c’est « réfuter une allégation, donner des preuves de son innocence ». C’est donc se poser dans un paradigme de culpabilité/innocence, de tort/raison. Une dualité, une lutte desquelles la communication consciente nous invite à sortir.

Si je me justifie d’arriver en retard, qu’est-ce que je recherche au fond ? Quelle émotion et quel besoin sont sous-jacents à mes paroles ? Possiblement que la part de moi qui s’exprime alors se sent désolée, découragée peut-être, ou dépassée, et qu’elle a d’abord et avant tout besoin d’empathie. Et qu’une petite dose d’empathie lui permettrait, à cette part de moi, de voir qu’elle vit peut-être un peu de colère à l’idée de mon agenda si chargé, parce qu’elle a besoin de détente et d’espace pour être, tout simplement.

Ça semble avoir peu de lien avec le réveil qui n’a pas sonné et les travaux qui ont « causé » le retard, n’est-ce pas ? C’est souvent ce qui se passe : le réel besoin peut être en apparence éloigné des circonstances déclencheuses, d’où l’intérêt de se donner de l’autoempathie pour voir clair.

Au fond, la partie de moi qui s’exprime quand je me justifie d’être en retard a peu de chance d’obtenir satisfaction en disant tous ces mots à mon interlocuteur, surtout si ce dernier est en réaction par rapport à mon retard !

D’ailleurs, si je vis de l’inquiétude à l’idée de la réaction de la personne avec qui j’ai un rendez-vous, parce que j’aspire à du respect ou de l’harmonie, ou à quelque chose de l’ordre de la sécurité ou de la confiance, est-ce que je vais obtenir ce que je veux en me justifiant ? C’est drôle : en formulant cela en termes de sentiments et de besoins, je m’éloigne tellement de l’histoire circonstancielle que je ne vois même plus pourquoi je la raconterais !

Mais disons que je n’en suis pas consciente et que je me justifie. J’aurai peut-être une certaine satisfaction de mes besoins si l’autre me dit que ce n’est pas grave, par exemple parce qu’il vient lui-même tout juste d’arriver au point de rendez-vous ! Mais si mon interlocuteur est fâché, une petite dose d’empathie à son égard a plus de chances de nourrir le lien, et du coup la confiance que je recherche, qu’une explication visant à prouver que ce n’est pas de ma faute. Car je ne suis pas la cause de son émotion, je ne suis qu’un déclencheur ! Par exemple :

— Oh, j’arrive avec 20 minutes de retard et je vois que tu as les sourcils froncés. Est-ce que tu es contrarié parce ce que pour toi, si j’étais arrivée à l’heure, ça aurait davantage goûté le respect ?

En peu de mots, j’oriente l’autre personne vers la source de l’émotion désagréable, qui réside dans ses besoins. Je suis peut-être à côté de la plaque ; mon interlocuteur est peut-être plutôt frustré parce qu’il a besoin de soutien, et qu’avoir l’assurance que les ressources auxquelles il fait appel sont bien au rendez-vous, ça contribuerait beaucoup à sa paix d’esprit.

En m’intéressant avec bienveillance à ce qui se passe chez lui, je lui donne de l’empathie qui va permettre de créer de la clarté et de l’ouverture. Et moi, après l’avoir entendu, peut-être en reformulant ce qu’il me dit, je pourrais dire :

— De mon côté, quand je constate mon retard, je me sens découragée parce que j’aspire à me donner de l’espace pour être, tout simplement ; pour respecter mes limites et, en même temps, les autres autour de moi. Comment tu reçois ça ?

Vous voyez que j’enchaîne avec une demande, car la demande (ici de connexion, et qui peut aussi viser la reformulation ou l’action) est un super outil pour favoriser le lien, la clarté et la concrétisation des stratégies qui visent à nous rendre la vie encore plus merveilleuse, comme disait Marshall Rosenberg, le fondateur de la Communication non violente. Selon les contextes, je pourrais aussi « me demander à moi-même », par exemple, de noter dans mon agenda, la veille du prochain rendez-vous avec ce collaborateur, que je prends une soirée de congé tranquille à la maison pour me donner de l’espace et de la détente, favorisant ainsi ma capacité à être à l’heure pour nourrir le lien de confiance, si cela a du sens pour moi.

En terminant, je me dis que nous avons au Québec la croyance que « se sentir mal » amoindrit le « tort qu’on a causé aux autres ». Logique de punition. Et si on adoptait plutôt une logique de responsabilité par la reconnaissance de l’impact de nos actes et la réparation depuis l’élan du cœur ? Il y a là matière à un autre article !

Quand on a quelque chose à exprimer ou à demander à quelqu’un, surtout s’il y a quelques tensions dans l’air, la concision est un atout très précieux. En disant seulement un petit bout de message à la fois, on peut aller vérifier à mesure 1) ce que l’autre a compris de notre message et 2) ce qui se passe chez l’autre, ce que ça lui fait (et s’il a de l’ouverture pour entendre la suite).

La demande de reformulation

— Pour être certaine que j’ai bien réussi à exprimer ce que j’essayais de dire, j’aimerais bien que tu me dises dans tes mots ce que tu as entendu... Accepterais-tu de le faire ?

Demander à notre interlocuteur de reformuler ce qu’il a compris est une pratique (peu habituelle, je l’admets) qui présente beaucoup d’avantages : on s’assure ainsi qu’on parle bien de la même chose, et on peut se réaligner si l’autre a perçu ce qu’on cherchait à cacher plutôt que ce qu’on souhaitait vraiment dire...

Je veux dire par là qu’il arrive souvent que sans en être conscient, on ait encore un « chacal » qui a besoin d’empathie. Alors même si on dit de beaux mots, ce qui passe, c’est l’accusation que porte cette partie de nous qui prend le dessus malgré nous. Par exemple, je pourrais dire à une personne avec qui j’habite :

— Je me sens mal à l’aise quand je vois la vaisselle sale sur le comptoir depuis hier matin parce que j’ai besoin de paix d’esprit.

Donc, si j’arrête après ce petit bout pour lui demander de reformuler ce qu’elle a entendu, il y a de bonnes chances qu’elle me dise quelque chose comme :

– J’ai entendu que tu es frustrée à cause de la vaisselle !

Le « besoin de paix d’esprit » que je nommais n’a pas passé, mais plutôt mon reproche qui implique que l’autre personne est la cause de ma colère. De toute évidence, je n’ai pas touché à mon besoin, parce que quand j’y touche vraiment, la tension s’apaise et je peux offrir à l’autre le trésor de ma prise de conscience sans l’accuser de quoi que ce soit. Donc, j’ai encore besoin d’empathie, et le fait d’entendre l’autre me reformuler dans ses mots ce que je lui ai dit, ça m’en donne déjà un peu.

Un cran plus honnête

En recevant de l’empathie (et ma capacité d’empathie, comme celle de mon interlocuteur, varie beaucoup selon les moments), je peux espérer devenir un peu moins identifiée à mon chacal qui croit encore profondément que l’autre a objectivement et simplement tort, et faire une expression un cran plus honnête :

— Oui, c’est vrai que je suis frustrée. Et quand je vois dans quel état de colère je me mets par rapport à la vaisselle, je me sens assez découragée. Au fond, j’ai vraiment besoin d’empathie.

Plus vulnérable aussi, n’est-ce pas ? C’est dans cet espace de vulnérabilité qu’on a une chance de se rejoindre avant de parler de solutions concrètes, avant de faire des ententes qui tiendront en compte les besoins des deux personnes.

La demande de connexion

Je gagne à garder ça bref et à aller voir, grâce à ce qu’on appelle en CNV une « demande de connexion », ce qui se passe chez l’autre quand elle entend ça, pour faire de la place à ses sentiments et à ses besoins :

— Ça te fait quoi, quand tu entends ça ?

Et là, je prépare mes oreilles de girafe, parce que l’autre peut être touchée et ouverte (car nourrie dans son besoin de connexion, par exemple), comme elle peut être déclenchée et vivre une réaction de type « émotion désagréable » (ayant elle-même besoin d’empathie). Je respire, je fais de mon mieux pour rester présente et faire appel à la curiosité bienveillante pour me relier aux émotions et aux besoins de l’autre.

Je ne suis pas pour le moment une ceinture noire en CNV. Ça prend souvent plusieurs allers-retours pour arriver à connecter vraiment. Et c’est dans cette danse, en m’exerçant à utiliser mes oreilles de girafe vers moi et vers l’autre, que le lien peut se construire, dans l’humilité de cette authenticité encore maladroite et teintée de chacals déguisés en girafes. Peu de mots à la fois, pour me réaligner à mesure et m’assurer que je danse bien avec l’autre.

Car voilà la conscience à laquelle nous invite la Communication non violente, celle de notre interdépendance : la satisfaction de mes besoins sera plus complète si ceux de mon interlocuteur sont aussi pris en compte.

(2e article d’une série sur les avantages de la concision)

La première question à se poser lorsqu’on veut faire consciemment usage de la parole, particulièrement lorsqu’il y a une certaine charge émotionnelle en nous : « Quelle est mon intention? »

Si la réponse qui monte spontanément ressemble à : « Mon intention est de lui faire comprendre qu’il a tort! » ou « De lui faire savoir ma façon de penser! », il serait probablement favorable de me donner un peu d’empathie avant d’avoir un échange avec la personne concernée (bientôt un autre article sur des manières concrètes de le faire). Car au-delà de l’enjeu immédiat de mon insatisfaction, qu’est-ce que je veux vraiment? Les questions suivantes peuvent aider à déterminer mon intention :

Quelles qualités je veux retrouver dans mes relations ?

Quelles valeurs je veux  incarner?

Quelle saveur je veux donner à ma journée?

Une intention peut être résumée en un mot. Par exemple, je peux vouloir vivre de la confiance dans mes relations; vouloir incarner une valeur de respect; vouloir que ma journée se déroule dans la bonne humeur.

Confiance, respect, bonne humeur. Le simple fait de me relier mentalement à mon intention a un impact direct sur la suite de mes actions et de mes paroles. C’est selon moi là que commence réellement notre liberté.  La psychologie évolutionniste et les neurosciences nous expliquent désormais que c’est une façon de court-circuiter les réactions instinctives des structures anciennes de notre cerveau, conçues pour réagir rapidement aux menaces afin d’assurer notre survie. Nous relier à notre intention, c’est faire appel à un niveau d’intelligence plus récent, capable de nuances et d’adaptation.

Donc, si je suis au clair avec mon intention de confiance, de respect, de calme, je peux mobiliser mon énergie pour agir en conséquence, en commençant par respirer plus profondément pour me calmer et ensuite déterminer quels mots pourront établir des conditions gagnantes pour avoir ce que je veux vraiment.

La semaine prochaine : parler de façon concise pour être en mesure de vérifier l’impact chez notre interlocuteur.

Mes formateurs québécois de Communication Non Violente, qui ont personnellement étudié avec Marshall Rosenberg, le créateur du modèle, rapportent que ce dernier recommandait de limiter ses interventions à 40 mots.

40 mots !

Les avantages de la concision sont nombreux. Par exemple, parler brièvement :
1. Demande de ralentir pour revenir à notre intention, à ce qu’on veut vraiment ;
2. Permet de vérifier à mesure ce qui se passe chez notre interlocuteur pour s’assurer que la connexion est maintenue ;
3. Permet d’éviter la justification ;
4. Favorise des conversations où il y a de l’espace pour être, grâce au silence ;
5. Favorise la « parole émergente ».
6. Permet de voir ce qui sonne faux, là où on n’est pas 100 % honnête avec soi-même (ce que notre interlocuteur va percevoir d’une façon ou d’une autre).

Être concis, c'est communiquer le zeste de ce qu'on a à dire, l'essentiel!

J’explorerai ces différents avantages de la concision au cours des prochains articles.

Cela étant dit, tout est une question de contexte. Parler plus longuement peut être une stratégie efficace pour donner de l’empathie à nos « chacals », ces parties de nous qui sont chargées d’émotion et se manifestent par des voix dans notre tête qui ont généralement de nombreux mots à exprimer. Leurs histoires sont très importantes, puisqu’elles parlent de nos besoins. Les chacals ont besoin d’empathie, ils se calment quand on entend quels besoins les font crier (voir article sur les « chacals »).

Je suis personnellement une adepte de raconter sans censure ce qui m’habite, à une oreille empathique et, surtout, consentante ! (Je reviendrai dans un autre article sur les demandes claires d’empathie). Ouf, ça me donne vraiment de l’espace, du soutien pour retrouver la paix d’esprit.

Seulement, il y a des circonstances où laisser s’exprimer nos chacals ne crée pas le genre de lien qu’on veut avec les autres et avec soi-même. Comme lorsqu’une situation est tendue avec quelqu’un, ou qu’on veut faire une proposition dans une réunion ou une demande à un collègue, un patron, un employé. C’est là que l’exercice du choix conscient des paroles qu’on exprime peut faire toute une différence et nous donner plus de chance d’obtenir ce qu’on veut vraiment.

À suivre dans le prochain article qui portera sur l’intention !

Ce printemps, mon amie Myriam Bressani et moi discutions de certains premiers rendez-vous galants lors desquels nous étions restées sur notre faim de partage et de connexion. Nous avions été parfois déstabilisées par les comportements de nos interlocuteurs, par exemple lorsqu’ils prenaient la parole plusieurs minutes d’affilée, corrigeaient nos propos, affirmaient leurs convictions comme étant des vérités absolues, nous donnaient des conseils ou nous coupaient la parole...

Bien sûr, la responsabilité est nôtre de prendre notre place, de demander à notre interlocuteur ce que nous souhaitons pour voir nos besoins pris en considération. Et possiblement d’accepter, le cas échéant, que l’autre n’est pas en mesure de nous offrir ce qui pourra satisfaire notre soif de rencontre dans le respect et la profondeur.

Et en même temps... N’est-il pas vrai que bien des gens n’ont pas eu de modèles de conversation où l’espace est partagé, où les propos de chacun sont traités comme étant valables ? Selon moi, de nombreuses personnes n’ont jamais reçu de rétroaction bienveillante à propos de leurs comportements conversationnels et ne sont donc pas conscientes de leur impact sur la relation. Et je crois que mettre de la lumière là-dessus est un cadeau qu’on se fait à soi-même et aux autres, car il est tout à fait possible d’apprendre à communiquer autrement, pour plus de connexion, de plaisir, de respect, etc. !

Dans cet esprit de contribution à des relations hommes-femmes plus nourrissantes pour tous, Myriam Bressani et moi avons décidé d’offrir un atelier aux hommes qui souhaitent revoir leur façon de converser avec une femme lors d’un premier rendez-vous galant dans le but de favoriser la connexion. Les habiletés qui seront mises en lumière, principalement par des expériences pratiques, sont évidemment bénéfiques dans toutes les sortes de relations. Pour créer une ambiance de confiance, l’atelier du 6 août 2017 sera réservé aux hommes.

Alors bienvenue, Messieurs, à cet atelier qui sera ludique, expérientiel et hors de tout esprit de performance ! La communication est un art qui s’apprend petit à petit, et nous sommes tous et toutes dans le même bateau !

Dimanche le 6 août
4441, rue Saint-Denis, à Montréal (métro Mont-Royal)
10 h à 16 h
Coût: 100 $ + tx = 115 $

Réservez votre place en envoyant un virement Interac à info@jacinthelaforte.com!

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On peut parfois trouver difficile de prendre le temps de se donner de l’empathie, que ce soit en demandant de l’écoute à quelqu’un ou en se donnant soi-même de l’autoempathie, par exemple avec une marelle CNV* ou en écrivant dans son journal personnel.

Mais c’est un peu comme si on constatait que notre maison était pleine de grognements effrayants, de meubles mâchouillés, de désordre et même d’odeurs nauséabondes... Et qu’on nous apprenait qu’en fait, la raison en est une bande de chacals qui habite avec nous depuis des années, sans qu’on s’en soit rendu compte, et que s’en débarrasser ne faisait pas partie des possibilités ! Je crois qu’on trouverait le temps de s’occuper de leurs besoins afin que l’environnement devienne plus paisible, plus agréable à vivre.

C’est exactement ce qui se passe dans notre « maison intérieure ». Les « chacals », ces parties de nous qui expriment leurs besoins en manque notamment sous forme de jugements et de répétition en boucle de leurs histoires douloureuses, font leurs ravages tant qu’ils n’ont pas reçu de l’empathie pour leurs besoins.

L’autoempathie, c’est comme le brossage des dents.De l’hygiène de base pour la santé émotionnelle et relationnelle.

Alors, petits chacals, pâte à dents à la menthe ou à la gomme balloune ?

 

* Une marelle CNV est un outil qui aide à se donner de l’autoempathie en distinguant les différents phénomènes intérieurs : on dispose par terre une série de feuilles sur chacune desquelles est écrit un mot (par exemple : intention, présence, faits, pensées, sentiments, besoins, demande). On énonce à voix haute ce qui se passe en nous en se déplaçant d’une feuille à l’autre. Cela aide à appeler un chacal (les pensées, jugements, etc.), un chacal !

 

Julia Cameron, dans son livre Libérez votre créativité, nous invite à regarder en face les blessures qui ont paralysé notre enfant artiste intérieur, à revisiter les moments douloureux de notre parcours, les critiques dévastatrices qu’on a reçues, les expériences qu’on a perçues comme des échecs, à faire le deuil de nos autosabotages et volte-face créatifs. Ouch, tout ça fait mal ! Là survient la sagesse de Julia Cameron : elle a parsemé son programme d’exercices qui nourrissent la joie, le plaisir, la découverte. Je pense notamment à la sortie hebdomadaire avec l’artiste (voir la vidéo), mais aussi à de petits gestes comme écouter une pièce de musique, nous procurer un bout de tissu d’une couleur qui nous plaît, cueillir quelques feuilles de plantes rencontrées lors d’une ballade, mettre dans notre maison une odeur réconfortante. Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir des mini-actions qui allument des étincelles de joie en nous, car elles nourrissent notre vitalité créative !

Pour être en mesure de faire face à nos « monstres », il faut être assez ancré dans une énergie de présence, autrement on risque de se laisser emporter par la douleur, qui peut nous traîner comme un bateau à moteur traîne le débutant qui n’a pas réussi à se lever sur ses skis nautiques... jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il doit lâcher la corde ! Différentes traditions disent la même chose, en des mots différents. Je lis dans le livre du moine bouddhiste Thich Nhat Hanh qu’une des manières de transformer les « graines de souffrances » que nous portons (et qui parfois nous viennent même des générations précédentes), c’est de semer et arroser nos graines de bonheur (Prendre soin de l’enfant intérieur, Pocket). L’approche de psychocorporelle intégrée dit la même chose, de même que celle du focusing de la relation intérieure ; dans mes mots : pour pouvoir accueillir les parties blessées, assurons-nous d’abord d’être ancrés dans la présence calme qu’on associe aux montagnes, aux forêts, à la nature. Elle a le pouvoir d’accueillir ce qui fait mal et de le transformer.

Et la beauté de la chose, c’est que la création artistique, le jeu créatif est une excellente voie pour « lâcher la corde » de nos blessures qui s’autoflagellent et revenir dans la réalité du monde matériel d’aujourd’hui, donc au pouvoir d’action et de changement. Un tout petit dessin, quelques minutes à chanter ou à danser ont un grand pouvoir. La création sans pression, à l’abri des regards, la toute petite création juste pour jouer, ici et maintenant, est le meilleur antidote au blocage créatif. Et à force de le faire, on se renforce les muscles émotionnels et créatifs, et on devient prêt à remonter sur les skis nautiques de la créativité. Avec de la pratique et du soutien, on réussit à se lever et à goûter l'aventure!