La posture empathique à laquelle nous invite la communication consciente repose sur une conviction importante : la personne en face de moi a toutes les ressources nécessaires pour répondre à ses besoins.
C’est lié de près à la distinction entre les besoins et les stratégies. Les besoins étant une traction vitale, une énergie vivante à l’intérieur de nous, ils ne dépendent ni d’une personne, ni d’un lieu, ni d’un objet (plusieurs formulations du langage courant telles que « j’ai besoin que tu fasses ceci », « j’ai besoin d’aller à la bibliothèque », « j’ai besoin de mon ordinateur », illustrent en fait des stratégies). Les besoins sont un carburant propre à nous propulser vers des moyens d’aller dans la direction de la saveur particulière de l’instant : affirmation, sécurité, sens, beauté, connexion, compréhension, solidarité, protection, etc.
Les stratégies pour répondre aux besoins sont illimitées.
Disons que devant une personne qui regarde ailleurs que vers moi, je me sens frustrée parce que cela ne nourrit pas mon besoin de connexion. Si je suis consciente que c’est ça qui se passe, je peux assumer la responsabilité de mon besoin en choisissant par exemple de :
- me donner de l’empathie minute en me reliant à la part de moi qui vit cette frustration, qui a comme préférence d’échanger un regard avec l’autre (cette autoempathie nourrit déjà le besoin de connexion, connexion de moi à moi).
- tenter d’établir le lien avec l’autre personne ; selon le contexte, en faisant une blague, en parlant de la température, en lui demandant ce qui se passe pour elle, en parlant de ce qui se passe pour moi, en la touchant, etc.
- choisir de vivre de la connexion avec une autre personne (ou avec un animal) en passant un coup de téléphone, en allant dans un autre endroit, ou même en pensée, en me reliant à une figure bienveillante.
- aller dans la nature pour goûter à mon interdépendance avec les autres éléments de l’écosystème, et ainsi vivre de la connexion.
- etc.!
S’il est vrai que mon besoin ne dépend pas de l’autre, c’est aussi vrai pour la personne en face de moi. En posture empathique, je prends le parti de faire confiance que la personne en face de moi a toutes les ressources nécessaires pour répondre à ses besoins. Que la présence empathique que je peux offrir suffit à créer les conditions pour qu’elle accède à sa vérité et à ses ressources.
Ce qui veut dire que je n’essaie pas trouver une solution à « ses problèmes », ni même de lui montrer quels sont ses sentiments et ses besoins. La posture empathique implique que je ne suis pas en mode « je sais mieux que toi, je vais t’aider, je vais te montrer ». Je suis juste « avec » ce qui se déploie en l’autre, dans l’instant présent. Et quand un être humain reçoit ce type d’attention bienveillante, il a plus de chance de faire un bout de chemin vers la responsabilité et l’empowerment.
En terminant : la présence empathique n’est pas un « impératif moral » (du genre : « il faut adopter la posture empathique ! »). C’est simplement une possibilité qui ouvre des portes (« Les mots sont des fenêtres.... » comme dans le titre français du livre de Marshall Rosenberg). Une ressource à laquelle je choisis de revenir dès que j’en ai les moyens, parce que ça goûte l’espace, la sérénité, l’ouverture. Et quand je n’en ai pas les moyens : vite, une stratégie pour remplir ma bonbonne d’empathie !
Superbe et clair ! Merci.