J’écoutais cette semaine la vidéo d’Isabelle Padovani Je ne suis pas une girafe, et je goûtais particulièrement l’expression « Laisser pisser le chacal ». Dans mes mots à moi, ça revient à dire que les parties de nous, tout comme les personnes en chair et en os, n’ont parfois nullement envie de se faire dire « Est-ce que tu te sens… parce que tu as besoin de… ». Elles ont seulement besoin de s’exprimer, dans la liberté d’être! N’y a-t-il pas effectivement quelque chose de réjouissant et de libérateur à se laisser dire toutes les énormités et les jugements qui nous habitent par rapport à une situation (quand on le fait dans un contexte qui honore nos aspirations au respect et à la sécurité, donc pas directement aux personnes concernées!)?
Donc, aujourd’hui, j’ai beaucoup de joie à partager un petit chacal un peu irrité! (Mais si peu, au fond… sachez que mes chacals sont en général autrement violents. C’est juste que ceux-là, je les laisse s’exprimer dans des lieux plus sûrs que le Grand Méchant Web.)
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Je ne sais pas pour vous, mais parfois je soupire d’exaspération en entendant des formules toutes faites, que ce soit dans les répliques d’un film, dans les conversations de la vie de tous les jours ou dans les messages publicitaires.
Je suis agacée d’entendre « brailler sa vie » ou « danser sa vie» dès que c’est un peu intense. C’est comme crier au loup : à force d’intensité systématique, je n’y crois plus.
Je lisais tantôt sur une pub : « Vos enfants s’amuseront follement tout en apprenant! »
Ça ne vous donne pas envie de vomir? Est-ce qu’on ne peut pas juste laisser les enfants s’amuser, point? Ou s’emmerder, de temps en temps? Ça me rejoindrait plus, une pub qui dirait : « C’est un genre de jeu. Genre pas pire. » Ça suffit de s’injecter du rose bonbon à chaque séance d’annonces! Heureusement pour moi, je n’ai pas la télé!
Avec le temps des Fêtes, il y a de cette surenchère d’impératifs… Il faut vivre la magie, il faut célébrer avec ceux qu’on aime, il faut retrouver le vrai sens des Fêtes, alouette!
Ça donne juste envie d’aller m’enfermer dans une cabane au fond du bois. Ou à tout le moins de me coucher à 21h tous les soirs jusqu’à la Saint-Valentin, sans faire aucun effort de célébration.
Parce que pour vivre de la magie, il faut un terrain propice. Peut-être même un peu d’ennui. Quelque chose de sainement plate, qui fait que quand quelque chose se met à briller, ça crée en nous un réel émoi.
Pas un mouvement un peu forcé d’une partie de nous qui se dit qu’il faudrait bien qu’elle s’émerveille, en ce moment, parce que si elle était dans un film d’Hollywood, il y aurait à ce moment-là une musique et une réplique touchantes…
Bref, dans un monde de surstimulation, la tranquillité a quelque chose de magique, par contraste. Non?
Soyons plates! Ennuyons-nous! Après, on pourra peut-être commencer à s'amuser pour vrai.
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