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On me demande régulièrement: « Mais Jacinthe, qu'est-ce que tu fais avec tes pages du matin accumulées depuis toutes ces années? »

Quand on fait la démarche en 12 semaines proposées par Julia Cameron, celle-ci insiste sur l'importance de ne pas relire notre écriture du matin pendant plusieurs semaines. Parce qu'il est bon de se donner le temps de renouer avec l'enfant intérieur, de le nourrir avec les sorties avec l'artiste et d'acquérir un peu d'agilité pour reconnaître le Censeur avant de relire ces précieuses pages où sont exposées des pensées, des émotions qui demandaient à être exprimées, qui révèlent parfois des choses qu'on ignorait de nous-même.

C'est vers la fin de la démarche qu'on y retourne. Avec des marqueurs de couleurs différentes, pour surligner les prises de conscience et les actions à faire pour faire avancer nos rêves. Et moi j'ajoute d'autres couleurs pour les bonnes idées d'infolettres, les passages qui pourraient aller dans un livre sur la créativité ou la communication consciente.

Une fois ce travail fait, après avoir retiré les pages avec de bonnes idées (et idéalement, je les tape tout de suite dans l'ordinateur), je déchiquète ou je brûle le reste du cahier. Avant que je commence à le faire, j'ai déménagé plusieurs fois de nombreuses boîtes de cahiers! À l'été 2016, j'ai loué une chambre à la campagne dans un endroit où il y avait un feu de camp. J'ai survolé rapidement les pages de tous ces cahiers. Étrangement (ou non), je tombais précisément sur les passages marquants de ma vie, les relations qui demandaient encore de l'attention pour libérer encore de vieilles émotions. Je suis une partisane du désencombrement émotionnel qui passe par le tri et le laisser aller des objets (oui, je suis une discipline de Marie Kondo, son processus radical m'ayant grandement supporté dans la réalisation de mes projets en 2016).

Quoi faire avec les pages du matin Libérez votre créativité

Je brûle ou déchiquète mes pages après en avoir retiré les bonnes idées.

Je détruis tout ça, car je ne veux pas que quiconque lise mes pages du matin! Ce n'est pas de la littérature, c'est de l'hygiène! Et puis en en tirant le suc grâce à un survol rapide (je lis en diagonale les passages où je ventile sur ce qui se passe dans ma vie, pour m'attarder aux bonnes idées et aux prises de conscience), j'active l'énergie constructive; en détruisant le reste, je fais de la place pour manifester ce que je veux vraiment.

Alors voilà ce que je fais avec mes pages. Et vous, que faites-vous de vos écritures intimes?

On peut parfois trouver difficile de prendre le temps de se donner de l’empathie, que ce soit en demandant de l’écoute à quelqu’un ou en se donnant soi-même de l’autoempathie, par exemple avec une marelle CNV* ou en écrivant dans son journal personnel.

Mais c’est un peu comme si on constatait que notre maison était pleine de grognements effrayants, de meubles mâchouillés, de désordre et même d’odeurs nauséabondes... Et qu’on nous apprenait qu’en fait, la raison en est une bande de chacals qui habite avec nous depuis des années, sans qu’on s’en soit rendu compte, et que s’en débarrasser ne faisait pas partie des possibilités ! Je crois qu’on trouverait le temps de s’occuper de leurs besoins afin que l’environnement devienne plus paisible, plus agréable à vivre.

C’est exactement ce qui se passe dans notre « maison intérieure ». Les « chacals », ces parties de nous qui expriment leurs besoins en manque notamment sous forme de jugements et de répétition en boucle de leurs histoires douloureuses, font leurs ravages tant qu’ils n’ont pas reçu de l’empathie pour leurs besoins.

L’autoempathie, c’est comme le brossage des dents.De l’hygiène de base pour la santé émotionnelle et relationnelle.

Alors, petits chacals, pâte à dents à la menthe ou à la gomme balloune ?

 

* Une marelle CNV est un outil qui aide à se donner de l’autoempathie en distinguant les différents phénomènes intérieurs : on dispose par terre une série de feuilles sur chacune desquelles est écrit un mot (par exemple : intention, présence, faits, pensées, sentiments, besoins, demande). On énonce à voix haute ce qui se passe en nous en se déplaçant d’une feuille à l’autre. Cela aide à appeler un chacal (les pensées, jugements, etc.), un chacal !